Serra da Estrela, la montagne du Portugal, avec parfois de la neige. Vous allez découvrir un autre Portugal, des régions moins connues, moins recherchées qui pourtant sont remarquables et tellement agréables.
Nous allons traverser cette petite montagne vers l’Ouest et découvrir le pays du granit. Nous reviendrons dans un autre article plus tard sur son côté Est avec Covilha et Fundao.
Mes découvertes du Portugal
Avec cet article, je commence une série d’articles sur mes découvertes et expériences personnelles au Portugal. Depuis 26 ans, j’ai parcouru finalement presque tout le Portugal, vécu à beaucoup de places différentes. Je n’y suis pas resté en permanence mais par périodes plus ou moins longues.
Je ne suis pas un touriste, j’ai travaillé dans beaucoup de pays, très rarement seulement visité. J’ai toujours aimé m’intégrer par une activité professionnelle. C’est ma façon de vivre et surtout de découvrir les pays en profondeur, au niveau des habitants, dans leur quotidien. Il est arrivé que j’admire au passage quelques monuments ou paysages particuliers mais ce n’est pas mon plaisir principal. Même en touriste, j’ai plutôt toujours imaginé la vie quotidienne menée en ces places.
Dans mes articles qui viennent, je vais donc vous parler de travail au Portugal, de visites et d’interactions avec des propriétaires, de relations quotidiennes, d’amitiés locales, etc.. Parfois je parlerais de certains points remarquables mais cela ne sera pas un guide touristique. Je veux plutôt vous communiquer des expériences très personnelles qui pourront vous donner des points de vue inédits de chaque région. Comme on y vit, comment on y travaille, à quoi s’attendre au quotidien, etc.. C’est ce qui peut vous intéresser pour décider où aller vivre.
Et je vous avertis, je ne vais pas parler de tout, de tous les aspects, de toutes les villes. Je n’écris que ce que je connais, ce que j’ai vécu. Ce sera donc très partial, très incomplet même. Par contre ce sera toujours du réel, mon émotion ressentie.
Alors commençons par La montagne du Portugal, la Serra da Estrela.
La Serra da Estrela, la montagne des étoiles
Il faut être un fier portugais pour imaginer ainsi qu’une petite montagne qui culmine à même pas 2000 m va toucher les étoiles. Je vous laisse lire ici le Guide Wikipedia sur cette petite montagne.
Voila quelques images :
Une vue en arrivant par l’Est donc avec Covilha qui grimpe sur les pentes. C’est une sorte de grande barre rocheuse émoussée, orientée Nord Sud. Elle sépare le Portugal et coupe l’est des influences maritimes. Les deux côtés Est (vers l’Espagne) et Ouest sont donc bien différents.
Et quelques photos en traversant cette barre rocheuse dans le Sud de la Serra da Estrela, Covilha vers Seia.
Mon opinion très personnelle : ce ne sont pas des paysages géniaux. Habitué aux Alpes et Pyrénées, je me permet de dire que c’est un gros tas de roches sèches, de granits ronds et pas grand chose de plus. Désolé mais c’est mon ressenti !
Ces images ont été prises en traversant et ici c’est le sommet plutôt lunaire. Il y a même un téléski qui, je suppose, sert parfois quand il y a un peu de neige.
Mais il y a d’autres paysages plus beaux, en contrebas et surtout plus au Nord. Nous avons des amis qui ont acheté une petite vallée entière de 17 ha, sans personne, avec une vue merveilleuse et des arbres, de l’herbe et de l’eau. Ils sont jeunes (dans les 35 ans), ont beaucoup voyagé, se sont rencontrés à New York et se sont installé dans ce qu’on appelle une « Tiny House » disons une petite roulotte en bois, bien aménagée. Je ne retrouve pas de photos d’eux mais une Tiny House c’est ça :
S’ils tiennent bon, s’ils construisent tranquillement ce lieu, ils auront dans 10 ans un vrai paradis. C’est possible au Portugal mais il faut débuter assez tôt dans la vie pour un tel challenge.
Donc il y a donc de beaux endroits sauvages, plus au Nord, plus verts. Il faut les chercher et ce sont souvent des endroits que les anglophones appellent « off the grid » donc sans électricité, sans eau courante. Bref des coins perdus, très isolés et à défricher mais merveilleux, sains et écologiques. Et avec de l’eau, des rivières ou des ruisseaux, des sources. Agréable ! Pour y vivre, il faut seulement être détaché des villes, des services comme des écoles, des hôpitaux, etc.. Donc être assez fou et jeune encore.
Le Côté Est de la Serra da Estrela, Seia
Je continue ensuite par la traversée de Covilha à Seia :
Seia, petite ville tranquille adossée à la montagne.
La spécialité le fromage de brebis « mou ». C’est un des meilleurs fromages portugais. Je n’adore pas mais c’est effectivement un bon fromage. A manger à la petite cuillère comme un Vacherin ou Mont d’Or mais, pour être honnête, pas aussi succulent et goûteux.
J’ai été frappé par la relative pauvreté du marché local et j’ai retrouvé ce genre de marché à d’autres endroits. Il se vend et s’achète là des marchandises vraiment basiques et peu chères. C’est assez frustre. C’est pauvre. Et on oublie cela dans le Portugal moderne.
La vie dans les belles villes du Portugal comme Lisbonne ou l’Algarve n’a vraiment rien à voir avec la vie dans ces régions plus reculées. Le Portugal est parfois encore pauvre. Autrefois, il n’y a pas si longtemps, ce pays été vraiment très pauvre et l’émigration en a été la conséquence. J’ai souvent entendu des portugais en France se rappeler ces années là et s’étonner que leurs enfants songent à retourner vivre au Portugal. Leurs souvenirs du pays étaient très sombres encore.
Et pourtant ces régions sont si belles !
Mais je n’étais pas là pour la ville de Seia ni pour son fromage. J’étais ici pour voir une maison qui me plaisait beaucoup.
Une maison en granit ! Une très grande maison avec 1 ha de jardin tout autour.
Quelques vues intérieures pour vous permettre de saisir la beauté de ces anciennes maisons :
Evidemment les murs sont lourds, épais et non modifiables. C’est construit pour l’éternité et il faut accepter que ce ne soit pas une maison moderne. Ces maisons sont assez peu chères, celle-ci valait moins de 250 K€. Les portugais ne les aiment plus. Elles sont trop difficiles à aménager et à modifier.
Pourtant ce sont de merveilleux petits manoirs intemporels et d’une beauté !
Il est possible de les rendre très habitables, plus chaudes et isolées en couvrant la roche granitique trop froide, trop sombre par des lambris de bois.
L’immense jardin d’un hectare ceinturé de murs en granit bien sûr. Avec même un petit bois privé.
Les forêts autour sont belles.
Et en dehors, juste à coté, le plus beau jardin que j’ai jamais vu. Un jardin mêlant arbres et légumes. Ce qu’on appelle « Agroforesterie » mais ici artisanale et superbement mise en oeuvre.
Une merveille de production aussi avec des légumes variés en petites planches de culture et utilisant l’ombre des arbres. Toutes sortes d’arbres fruitiers, tous les légumes possibles, beaucoup d’eau disponible. Un paradis !
Notez que si vous aimez beaucoup les jardins, il ne faut pas s’établir trop au Sud, vous n’auriez pas autant d’eau et de bonnes terres.
Ceci pour vous montrer que ce pays de granit est aussi un pays très agréable et généreux. Malgré son aspect premier quelque peu austère. Vivons heureux, vivons caché !
Juste à côté, j’ai beaucoup aimé une autre maison, trop petite pour nous mais avec 2 hectares de jardin en terrasses en courbes, avec tellement de sources et de très beaux arbres. Châtaigniers, peupliers, chênes, etc.. Du soleil, de l’eau, de la bonne terre !
Finalement je n’ai pas acheté ces maisons. Principalement parce que mon projet de vie me demandait de travailler à Lisbonne, trop loin pour y aller quotidiennement. Et puis parfois c’est trop grand, trop petit, avec des papiers pas bien en règle, etc.. Mais quand je revois ces photos, des jardins je dois avouer que j’ai une certaine nostalgie de ces paradis.
Une petite histoire
Juste derrière une de ces maisons, il y avait un grand domaine. On ne pouvait le voir que de loin mais on voyait bien qu’il s’agissait d’une immense « Quinta » avec des centaines d’hectares. Très bien cultivée, manifestement prospère.
J’ai demandé ce qu’était ce domaine et l’histoire m’en a été contée. Elle est véritable mais bien curieuse.
Il y avait autrefois une »Senhora » qui possédait ce domaine et bien d’autres. Une très vieille famille, elle même se faisait vieille mais elle n’avait pas d’héritiers directs, pas eu d’enfants. Elle appela sa jeune gouvernante, sans doute sa préférée femme de chambre, qui n’était pas mariée non plus et elle lui proposa ce marché : « Fais un enfant avec notre prêtre et je l’adopte et il (ou elle) sera mon héritier(e) de tous mes biens ». Vraiment étonnant.
J’imagine que ce devait être son guide spirituel et intime. Que tout ce monde vivait à l’écart du monde. Sans doute voulait elle un enfant comme un miracle, un don du ciel.
La jeune femme accepta et l’enfant vint au monde. Une petite fille et c’est elle qui est actuellement la propriétaire de ce domaine et des autres biens. Devenue vieille à son tour, elle vit, parait il, en Espagne à Madrid.
C’est un Portugal bien ancien qui se raconte là !
J’espère que ce petit voyage dans ces régions intérieures vous a fait découvrir ce qu’est cet autre Portugal. Bien loin de l’Algarve si récente et même de Lisbonne. Le vrai Portugal est encore bien secret.
Merci pour cette bien belle histoire intimiste et humaine , c’est un plaisir de vous lire . J’ai traversé cette région et c’est vrais qu’il y à une ambiance particulière et authentique .
Magnifique, merci JC !
Vivement que nous passions plus de temps dans notre maison de Tavira afin de prendre la route…..
Je fais suivre à mon fils dans le Montana à moins que vous ne l’ayez deja fait….
Christine
Bonjour
Un grand merci à vous.
J’adore votre façon de parler du Portugal.
Je suis fille d’immigrés Portugais et attend impatiemment ma retraite pour parti y vivre.
marquise83@hotmail.fr
Merveilleux article qui fait rêver.
Merciii !
MERCI TROP BEAU, VIVEMENT QUE NOUS SOYONS DANS NOTRE MAISON DE TAVIRA POUR 5 MOIS AFIN DE SUIVRE VOS PAS !
Christine