Pascal est artiste peintre et sa femme Anne sculptrice. Reconnus et excellents, vous en jugerez avec les photos et encore je ne peux tout mettre.
Mais pas seulement artistes reconnus, ce qui suffirait pour beaucoup d’entre nous ! Non, de plus, restaurateurs avec succès en France et ils sont venus au Portugal trouver un nouveau restaurant. Ne le trouvant pas, Pascal est devenu un talentueux bâtisseur au pays même des réputés bâtisseurs portugais.
Certains savent tout faire, rebondir sans problème, réussir à chaque fois. Le Portugal est une terre parfaite pour eux.
Et lisez bien jusqu’à la fin, et regardez leur moto ! Et leur intégration fantastique au Portugal.
Transcription de la vidéo
Cet article va retranscrire des éléments importants de sa vidéo qui est maintenant sur notre chaine YouTube. Nous aurons donc dorénavant et chaque semaine, une vidéo d’une activité, gérée ou créée par un(e) expatrié(e) au Portugal et une transcription du texte dans cette Newsletter même.
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- Leur transcription partielle sur la Newsletter dans le Blog Casa Vergao : C’est donc cette lettre que vous lisez à l’instant.
Ces médias sont accessibles à tous et en permanence.
Cet article
La transcription dans cet article est partielle, centrée sur les points les plus importants. Elle permet de lire vite l’essentiel, de savoir TOUT ce qu’il y a dans la vidéo. C’est pratique, rapide mais ne remplace pas la vision de la vidéo qui est un témoignage très fort.
Donc Anne et Pascal à Cadaval
À 70 kilomètres de Lisbonne, par une très belle journée chaude, comme sont toutes les journées d’été.
Comment êtes- vous arrivés ici ?
On a décidé de bouger … On avait un restaurant en France à La Baule durant six ans. C’était beaucoup de travail, beaucoup de charge, beaucoup d’employés, beaucoup, beaucoup d’heures d’ouverture.
Un jour, on est venu, deux fois de suite, au Portugal en vacances. On a découvert ce pays tranquille, calme, serein, où il fait beau, avec une campagne magnifique, avec l’océan. Donc on s’est dit « Pourquoi pas un jour ? »
Alors un jour, on a pris la décision de quitter la France, de quitter le brouhaha de la France, l’insécurité, les charges, le fait qu’on ne puisse pas vous laisser travailler sereinement avec toujours quelque part des administrations qui vous bloquent. Donc on s’est dit « On va partir, on va tout vendre, on va partir. » On a franchi le cap, on a vendu la maison, on a vendu le restaurant et on est venu avec l’idée d’acheter un restaurant.
Acheter une entreprise au Portugal ?
On avait fixé sur un prix, puis finalement, le vendeur nous a mis un autre prix. Donc ça ne s’est pas fait. Une fois qu’on était ici, pendant un an, on a cherché dans la région. Il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas et finalement, heureusement, parce que le Covid est arrivé alors on a changé notre fusil d’épaule.
C’est là qu’il faut être accompagné quand vous arrivez au Portugal. Le problème, c’est que, quand vous êtes français ou francophone ou allemand ou d’ailleurs anglais, peu importe, pour les Portugais, vous arrivez forcément avec le camion de la Brinks qui vous suit. Donc, une affaire qui va valoir 300 000 euros, on va vous la vendre le double. C’est là qu’il faut être bien accompagné, pour ne pas tomber dans ce panneau d’acheter des affaires vendues deux fois le prix qu’elles valent vraiment.
Nous, on savait à peu près le prix des affaires, comment évaluer le prix d’une affaire, donc on n’est pas tombé dans le panneau. Mais pour les gens qui veulent acheter un commerce ici, il faut être accompagné parce que sinon, on va vite dépenser beaucoup plus que ce que cela vaut en vérité. Il faut bien s’entourer.
Artistes d’abord !
Donc moi Pascal, à la base, je suis artiste peintre, et Anne peintre aussi et sculpteur.
On a quand même continué nos expos en galerie, sur Lisbonne actuellement, expositions en France, en Europe et un peu partout dans le monde. Moi, en France notamment et puis à Lisbonne aussi. On a continué dans la voie artistique aussi parce que c’est une passion. J’ai eu des commandes de fresques, de tableaux. J’ai vendu des toiles, des gens qui viennent, des connaissances, des gens qu’on connaît, qu’on apprend à connaître ici et qui voient nos œuvres et qui vont en acheter à droite, à gauche.
L’art, c’est complètement aléatoire, donc il fallait quelque chose de plus concret.
Pascal sait tout faire !
En fin de compte, je me suis lancé dans la rénovation. Je savais faire. C’est en rencontrant un belge qui avait des travaux à faire chez lui, qui m’a dit « Écoute, Pascal, tu sais faire ça ? », j’ai dit « Oui ». Et puis, au bout de six mois, j’avais tellement de choses à faire chez lui, il me dit « Achète-toi un camion, mets-toi à ton compte. »
Parce que le Portugal est serein et calme, mais trop calme dans le travail. « Amanhã » normalement, ça veut dire demain, mais quand un artisan portugais vous dit « amanhã », vous le voyez un mois après. Pas tout le monde, mais c’est courant. Or les clients aiment bien que les travaux se suivent, avec un travail un peu à la française, avec un peu plus de rigueur.
Et c’est pour ça que ça a bien fonctionné tout de suite et aujourd’hui, ça va faire deux ans maintenant. Deux ans et demi et aujourd’hui, je travaille sur Lisbonne. Je n’arrête pas de travailler sur Lisbonne. Je construis des restaurants. Là, je suis maître d’œuvre sur la construction d’un restaurant. J’en ai un deuxième et un troisième à construire après. J’ai beaucoup de travail, tout va bien.
Vous êtes mieux qu’avec le restaurant ?
Oui, oui. Là, on n’est plus esclave. Le soir, on est à la maison, on peut profiter des week-ends. Quand vous travaillez pour un restaurant, vous travaillez la semaine entière. Et les week-ends.
On est très bien. On a trouvé notre équilibre ici. Un pays sympathique, tranquille, facile d’accès et simple comme tout. Et puis, avec un meilleur pouvoir d’achat aussi. Parce que malgré tout, même si les prix augmentent au Portugal, comme en Europe, ça reste quand même raisonnable par rapport aux prix français. Il n’y a pas photo. Une qualité de vie, une facilité pour vivre.
Le maçon portugais
Le portugais est un très bon maçon quand il est à l’étranger, quand il est employé par des Français, des Allemands, des Anglais, c’est-à-dire quand il est encadré. Le portugais qui a toujours été maçon au Portugal est bricoleur.
Ceux qui sont revenus de France ou de Suisse et qui se sont mis à leur compte, travaillent très bien parce qu’ils ont été aussi avec des Français, avec des Suisses, avec des Allemands.
Le maçon portugais qui travaille en France est un des meilleurs maçons. Le mec, il bosse, c’est des bosseurs, c’est des travailleurs. Celui qui est toujours resté au Portugal, c’est le Portugais tranquille. On doit faire du ciment mais si avec une petite cale de bois, ça peut coller, on mettra une petite cale de bois. C’est un peu ce côté tranquille. Voilà, c’est marrant quelque part. Ça n’a rien de méchant.
Aujourd’hui, j’ai accepté un chantier parce que c’est un voisin. J’ai refait plein de maisons dans le quartier. J’ai refait beaucoup de maisons. Mais sinon, j’ai un client aujourd’hui à Lisbonne qui a plusieurs restaurants, à qui je construis des restaurants. Je ne travaille plus que pour un client pratiquement, mais ça me suffit. Mais c’est un gros client étranger. Vous pouvez faire des prix corrects et bien travailler.
Vous travaillez avec quelqu’un ou vous avez des ouvriers ?
J’ai des gars qui travaillent pour moi, électriciens, ingénieurs électriciens et tout. Et puis, j’ai aussi mon entreprise, mon associé qui est une entreprise de maçonnerie et autre, qui loue des échafaudages et tout. Il y a les maçons, il y a les gars qui font le placo, il y a les menuisiers, il y a tout. On bosse, on est sur le chantier toute la journée. Moi, je suis maître d’œuvre, mais je bosse aussi. C’est mon client. Je ne les regarde pas faire. Je travaille avec eux. Vous bossez finalement plus cool.
Pourquoi c’est mieux ici ?
Les prix des matériaux, même s’ils ont augmenté, parce qu’ils ont nettement augmenté, restent raisonnables par rapport à la France, mais surtout vous avez beaucoup moins de charges, plus de facilité de travail. Vous avez moins ces inspections qui, en France, vous empêchent de travailler constamment, vous bloquent pour de toute façon vous mettre des amendes, pour payer les taxes et tout. Ici, vous n’avez pas ça, on vous laisse travailler.
À partir du moment où vous travaillez, je crois que le gouvernement et les institutions sont contentes qu’il y ait des Portugais qui travaillent, qu’il y ait des étrangers qui arrivent et qui fassent travailler aussi, qui développent l’économie. On participe à l’économie du Portugal, donc ils vous laissent travailler. Ils ne vous bloquent pas, ils ne vous embêtent pas, ils ne vous mettent pas de pression et vous pouvez travailler beaucoup plus sereinement.
Et comme les charges sont moindres qu’en France. Elles sont moindres, mais bon, les impôts sont aussi en fonction de ce qu’on gagne. Ce n’est pas le paradis non plus. Non, non. Et c’est comme partout. Après, la TVA, elle est plus chère qu’en France puisqu’elle est à 23 %. Ici, c’est tout à 23 %.
Mais à côté de ça, vous vous y retrouvez de toute façon parce que vous travaillez plus sereinement, plus tranquillement. Vous n’avez pas de pression des administrations de contrôle, des personnes qui vont vous dire « Vous n’avez pas mis les chaussures de sécurité, ça va être tant ! Vous avez oublié de mettre un casque ou un cône là. C’est 300 € « .
Non, là, on vous laisse travailler. Vous faites attention, vous êtes conscients des risques et de ce qu’il faut faire de toute façon, mais à côté de ça, on vous laisse travailler. On ne vient pas vous embêter pour vous prendre de l’argent sans cesse.
J’ai une meilleure vie, je fais de meilleurs chiffres, pas en montant, mais en marge. En marge. De toute façon, c’est la marge qui compte. Ce n’est pas le chiffre d’affaires, c’est la marge. Vous en avez beaucoup plus que quand vous êtes en France. Quand vous avez tout retiré en France avec tous ces impôts de lobbies qui s’appliquent, l’assurance obligatoire, le RSI et tout. C’est la plus grosse arnaque de toute façon.
Non, ici, vous savez que vous avez vos impôts à payer comme tout le monde, c’est normal. Mais à côté de ça, vous n’avez pas toutes ces taxes. Vous travaillez beaucoup plus sereinement. Dans votre tête, vous n’êtes pas la nuit perturbé par ce qui s’est passé hier ou par ce qui va se passer demain. En France, si.
En France, de toute façon, si vous n’êtes pas dans le stress permanent, vous n’avancez pas. Il faut être dans le stress pour avancer. Ici, au contraire, vous n’êtes pas dans le stress du tout et tout va très bien. Et vous avancez. Donc ça, c’est parfait. C’est étonnant. Oui, c’est étonnant, mais c’est complètement différent.
Pourquoi c’est différent ?
Je me pose des questions : « Pourquoi les Portugais ont dérivé comme ça ? Et pourquoi nous, là- bas, on a dérivé comme ça ? »
Je pense que le portugais est resté sur les bases des pays latins.Un climat aussi, certainement, qui y fait, mais où tout est beaucoup plus serein, tout est plus calme, beaucoup moins stressant. Et nous, dans nos pays comme la France, on est rentré dans des pays de capitalisation à tout va. Et comme je vous disais, si vous n’êtes pas dans le stress et vous n’avancez pas plus vite que la musique, de toute façon, vous reculerez. Et donc les gens, vous les voyez, ils vous bousculent, ils sont avec leur téléphone, plus personne ne se parle, plus personne ne se côtoie. En plus, malheureusement, il y a beaucoup d’agressivité.
C’est aussi un fait de société. La France ne s’est jamais occupée de toutes ces populations un peu plus pauvres et un peu plus démunies qu’on a parquées à une époque et qui aujourd’hui reviennent. Ils disent « On a le droit à tout comme tout le monde » et ils ont raison.
Aujourd’hui, ici, la délinquance
Vous pouvez laisser votre voiture ouverte, il n’y a personne qui va venir vous la visiter. Vous pouvez laisser votre porte ouverte. Il y a plein de gens qui ne ferment pas leurs portes. Nous, on a l’habitude de fermer parce qu’on est français, certainement, donc on ferme, mais il y a plein de gens qui ne ferment pas leurs portes.
Moi, je vois mon camion de chantier devant le chantier, il y a des trucs qui sont dehors des fois, même du camion de Joao. Parfois je jette un œil comme ça, mais Jean-Paul me dit « Non, mais toi, ne t’inquiète pas, il n’y a personne qui va rien vous prendre ». En France, vous tournez la tête, le camion est vide. Il n’y a pas de délinquance.
Des bagarres en France vous en voyez tous les jours. Ça fait cinq ans qu’on est là, je n’ai jamais vu une seule bagarre. Il y a des bals, il y a beaucoup de bals. Ce qu’il y avait il y a 40 ans en arrière en France. Dans les villages. Tous ces bals de village où il y a tout le monde. Bon, les Portugais boivent comme les autres. Ils n’ont pas tous qu’un gramme ou un gramme cinquante. Des fois, c’est trois grammes, mais il n’y a pas de bagarre. C’est calme, ça se respecte.
On a vu à Cascais un regroupement d’Harley-Davidson, beaucoup, vraiment beaucoup de monde. Et deux policiers, un à l’entrée de Cascais, un à la sortie. Ça serait en France, il y aurait eu une petite compagnie de CRS.
Les jeunes de 18-20 ans.
Moi, je fais partie d’un groupe de motos aujourd’hui. Portugais, parce que moi, je fréquente beaucoup plus de Portugais que de Français. Je suis désolé, mais je ne suis pas parti de France pour ne fréquenter que des Français. Je fais partie d’un groupe de motos et quand on s’arrête dans les bars pour prendre une bière ou un café, on est 10-15 motos. Souvent il y a plein de jeunes qui sont là et ils vous disent bonjour, ils viennent parler. Mais en France, non, ça n’a rien à voir. I
ll y a un respect ici. Le monsieur, la personne qui est plus âgée, on doit la respecter. C’est comme ça, c’est cet esprit de famille qu’il y a et ils ont ce respect pour les personnes qui sont plus âgées. Et ça, vous le sentez quand vous sortez. On a été dans une fête l’autre soir, une des plus grandes fêtes. Des jeunes viennent de partout, du centre du Portugal. Et un jeune m’a offert une bière.
Je suis français, je suis le petit vieux pour eux, mais j’ai eu ma bière avec des petits jeunes de 18 ans qui dansaient. C’est portugais, je me dis « C’est génial.» En France, t’aurais été démoli. Voilà. Ou ils auraient demandé ton portefeuille. On t’aurait peut-être demandé une cigarette, « Non, je ne fume pas », alors il te démolit.
C’est vrai qu’en France c’est très agressif. En revenant sur ce que j’ai dit tout à l’heure il n’y a pas longtemps, moi, je suis au Portugal pour fréquenter des Portugais. J’ai fréquenté des Français, mais pour moi, je suis désolé, pas tous, parce qu’on a des amis français. On connaît pas mal de gens français, quelques couples français qui sont très sympa et qu’on s’entend très bien. On est sur la même longueur d’onde.
On a rencontré aussi beaucoup de Français avec qui on n’est pas du tout sur la même longueur d’onde. En fin de compte, on s’est retiré. On n’a jamais fait partie des groupes de Français. Nous, on s’est mis un peu à l’écart et nous, ce qui nous intéresse vraiment, c’est le Portugais et on a beaucoup d’amis portugais. La plupart des gens qu’on connaît.
Retomber sur ses pattes ..
Non, je crois qu’on retombe toujours sur ses pattes. Celui-là qui veut, il retombe toujours sur ses pattes. Celui-là qui retombe pas sur ses pattes, c’est qu’il a pas envie de retomber sur ses pattes. Quand on se retrousse les manches, on retombe toujours sur ses pattes. Et c’est vrai qu’avec Anne, on avait beaucoup parlé de partir. On voulait partir de la France pour les raisons qu’on a citées auparavant.
Mais c’est vrai qu’en venant ici, je pense que les personnes qui ont travaillé à l’étranger dans ces pays stressants dont la France fait partie, s’ils veulent travailler ici, tout sera plus facile. S’ils veulent faire la même chose que ce qu’ils faisaient en France ou faire autre chose ou développer autre chose, je pense que tout sera plus facile. Parce que comme on le disait auparavant, il n’y a pas ce stress, il n’y a pas toutes ces charges derrière. Tout est plus tranquille, tout est plus serein.
D’une manière ou d’une autre, si les gens ont réussi à faire quelque chose en France, ici, forcément qu’ils réussiront à multiplier par 10. Parce que il n’y a pas toutes ces contraintes que l’on trouve en France ou dans certains pays européens.
Et puis, je pense aussi qu’on apporte, comme disait Anne, un plus à l’économie aussi. Le Portugal a besoin de tous ces étrangers, qu’ils soient retraités ou qu’ils soient actifs. Nous, on est actifs. On est de plus en plus d’étrangers à être venus ici.
Alors oui, c’est prendre un risque, mais le risque, on s’aperçoit qu’il est zéro. Vous retrouvez une maison qui va être beaucoup plus grande et plus belle que celle que vous aviez et pour moins cher. Si vous voulez travailler, c’est facile. Si vous avez un savoir-faire que vous avez développé en France ou ailleurs dans votre pays et vous arrivez ici, vous vous relancez soit dans la même chose, soit dans autre chose. Si vous voulez travailler, vous retombez sur vos pattes facilement. C’est facile, tout est plus facile. Et puis, avec moins de stress.
Donc quand il y a moins de stress, tout est plus facile. Il y a beaucoup de personnes qui se disent « Oui, mais j’ai ma sœur qui habite encore là, mes parents… » Oui, moi aussi, j’ai mes parents qui habitent en France, qui ont 85 ans, qui sont à l’âge où ils peuvent partir demain, mais ils étaient contents quand ils ont su que je venais vivre au Portugal. Et ils m’ont dit « Mon gars, c’est ta vie ». Et puis si j’ai envie de le voir, c’est qu’à deux heures en avion, c’est pas non plus le bout du monde. Et si eux veulent venir, c’est exactement pareil.
On a des enfants en France, à Londres. À Londres, c’est pareil. L’avion, c’est deux heures et demie. Ils sont venus il y a pas longtemps, les filles, deux heures et demie d’avion. C’est cinq, six jours ici. Donc tout est prêt. Des fois, les gens qui sont en France, qui habitent à Paris et l’autre à Marseille, se voient beaucoup moins que nous avec des gens qui habitent en France ou à Londres.
Et puis après, c’est soi-même qu’on exporte. Partout où j’ai habité, c’est souvent un peu la mentalité française, il y a des Français qui ne sont pas contents, qui ne sont pas bien, que ce soit à Londres, à New York, à Washington ou à Genève. Et quand on déménage d’un pays au un à l’autre, c’est toujours nous que l’on transporte. Donc si on n’est pas bien nous-mêmes dans un pays, on ne sera pas bien nous-mêmes dans un autre pays. Il y a des gens qui sont perpétuellement insatisfaits. Et donc, en fait, ce qui importe c’est la manière dont on va approcher le nouveau pays. C’est de savoir s’adapter.
Après, ça, ce n’est pas très bien de le dire, mais il y a certains Français qui ont l’impression que c’est au portugais de s’adapter à eux. Et ça, c’est un truc, moi, qui me gêne un petit peu. Parce que quand on arrive dans un pays étranger, c’est à vous de vous adapter avec vos moyens pour apprendre la langue, de venir vers les gens. Vous êtes « invités », mais ce n’est pas au portugais de s’adapter aux Français.
Le vrai voyageur, de toute façon, voyage pour aller apprendre les cultures ailleurs et vivre selon les cultures des pays qu’il découvre. Vous arrivez dans un pays, vous devez accepter leur culture, vous devez vous mettre au diapason du pays qui vous accueille. Et puis, les respecter parce que c’est tout ce qu’ils demandent, les portugais.
Les Portugais, c’est un peuple pauvre quelque part. C’est un pays pauvre et ils demandent juste à être respecté, pas plus. Et quand vous savez faire ça, tout vous est ouvert. Tout. C’est-à-dire que c’est facile de monter son entreprise, c’est facile d’avoir un réseau, tout est facile. Moi, j’ai des fournisseurs aujourd’hui. Je me sers dans leurs dépôts et je leur dis « J’ai pris ça, je reviens la semaine prochaine. » « Oh, bah, obrigado. » C’est presque eux qui me remercient. C’est une confiance totale.
Si vraiment on va vers eux, vers ce peuple portugais, ils nous feront une facilité pour tout.
Je crois que le plus dur pour les gens, pour les Français, c’est de franchir cette image, de dire « Je vais à l’étranger. » On est qu’à deux heures, on arrive du centre de la France. C’est l’étranger. Ça peut être compliqué.
Le portugais, ça a été un de nos frères, parce qu’en France, quand même, on en a eu beaucoup. On a tous côtoyés à l’école, dans le travail. C’est des gens qui sont remarquables, des gens tranquilles. Vous venez ici, des gens en toute sécurité, vous le savez parce que vous les avez fréquentés en France. C’est vraiment une population formidable. Et puis, tout est facile, donc il faut franchir le cap, il faut venir. Il y a les enfants, c’est vrai que ceux qui ont les enfants dans les études, genre 16-17 ans, c’est peut- être un peu plus compliqué, mais les enfants qui ont 18-19 ans qui commencent à être indépendants, à avoir leur propre petit studio. Et ça ne pose pas de problème pour les personnes âgées.
Les fonctionnaires, on les laisse là-bas. La France a toujours été le pays des râleurs, mais personne ne veut prendre de décision. À un moment donné, on a râlé, on a pris la décision, on est parti. C’est tout. On l’avait dit. Quand on le disait à nos clients, on disait « Non, vous allez jamais partir. » Si, on va partir. On va partir, mais définitivement. Parce qu’on n’en peut plus. Parce qu’on est assommé par toutes ces charges, par toutes ces taxes, par toutes ces obligations, par ce stress, par cette insécurité, par ce pouvoir d’achat qu’on n’arrive plus à suivre.
En été, on était à 110 employés. Quand vous vous avez passé vos vacances à travailler sept jours sur sept, 17 heures par jour et qu’au mois d’octobre, vous n’avez plus rien parce que vous êtes obligé de tout redonner à l’État. Non, parce qu’en moyenne, je crois qu’on peut pas dire 10 mois pour payer les charges et rester deux mois. Oui, c’est ça.
Il y a deux mois où vous gagnez votre vie sur une année. Pour beaucoup de restaurants et beaucoup d’entreprises. Mais je veux dire, il y a un moment donné, il faut prendre une décision. Alors il faut arrêter d’aboyer. Il faut dire « Aujourd’hui, je vais prendre la décision, c’est facile » Et des gens le disent et moi je le dis et d’autres le font. Aujourd’hui, c’est facile. C’est facile et venez vous installer avec beaucoup moins de stress, beaucoup plus de facilité, du soleil. Et puis c’est vrai qu’on a une vie tranquille et puis en toute sécurité, tout va bien se passer.
Pour la santé ?
Pour la santé, justement, j’ai eu l’occasion de l’utiliser parce que j’ai été opérée récemment. Donc en fait, je suis passée par le système normal. Moi, j’ai la sécurité sociale portugaise, publique. Donc, ils m’ont mis sur une liste d’attente. Ils m’ont dit « Vous avez six mois de liste d’attente. » Au bout de quatre mois, ils m’ont téléphoné en me disant « Voilà, c’est la semaine prochaine. Ok, j’y vais. » J’ai été opéré dans un hôpital public, ça s’est très bien passé.
Tout le monde était incroyablement gentil, alors que je sais qu’ils n’ont pas de gros salaires, que ce soit le chirurgien en passant par les infirmières, les dames qui vous amènent à manger, celles qui vont faire le ménage. Et franchement, rien à dire, tout s’est très bien passé.
Un conseil avant de venir
Le conseil que j’ai à donner aux Français qui viennent s’installer au Portugal, c’est déjà d’aller sur Duolingo et commencer un an avant à prendre des cours sur Duolingo. C’est plus instructif que regarder Facebook. Ça apprend la langue.
Quand je suis arrivé ici, j’ai fait un an d’école à Bombaral, à côté, tous les jeudis soirs, trois heures de cours avec des Français, des Anglais, de toute nationalité. C’est très sympa. Ça fait un réseau de personnes qu’on connaît et on faisait trois heures de cours à Bombaral. Ça se passe dans toutes les villes et trois heures de cours, c’est gratuit et vous avez votre diplôme, j’ai mon diplôme B2 et pendant un an, j’ai appris le portugais pour pouvoir me débrouiller. Ça, c’est bien.
Je crois que c’est nécessaire. C’est gratuit et ça vous permet de rencontrer des gens. C’est le gouvernement portugais qui propose ça aux étrangers. Oui, tout à fait, gratuitement. Ça, c’est vraiment bien. C’est une très bonne initiative et c’est gratuit. Vous rencontrez des gens et ça permet aussi de faire son petit réseau dès qu’on arrive avec des personnes qui sont en cours avec vous. Ça va être des Français, des Anglais, des Hindous, peu importe, mais c’est génial. Ça, c’est la première chose. Savoir, pas forcément bien parler, mais se débrouiller et essayer de comprendre. De faire un effort pour essayer de se faire comprendre.
Parce que le portugais quand vous essayez de lui parler en portugais, il se dit « Tiens… » Beaucoup parlent français, de notre génération, on parle français parce que leur famille travaille en France et tout, mais il voit que vous faites l’effort. Il y en a beaucoup qui vous parlent en portugais et quand il voit que vous faites l’effort de lui parler en portugais aussi, de lui répondre en portugais, il se met à vous parler français. « Vous ne pouviez pas me parler français avant. Non, non ». En vérité, je crois qu’il faut faire cet effort-là.
Le seul effort, s’il y a un effort à faire pour venir au Portugal, c’est d’essayer de parler leur langue, même si c’est un tout petit peu. C’est le seul effort à faire : « Se faire comprendre. »
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