Oser partir avant la retraite au Portugal pour être libre

par | 21 Sep 2023 | Travail au Portugal

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Pourquoi attendre la retraite pour être libre ? Un certain nombre de personnes dans mes autres interviews ont déclaré : » Ma vie est superbe ici mais j’aurais du partir avant la retraite. Pourquoi ai-je attendu? » Alors cette famille que je vous présentée a osé, osé partir et quitter des jobs très corrects, partir avec le petit dernier de leurs enfants et relancer les dés au Portugal.

Et leurs projets ne sont pas de petits projets. Ils viennent de modifier et d’améliorer la maison que je vous ai présentée dans cet article (lire ici) et la vendent pour partir plus loin. Ils ont, sur place, beaucoup vécu déjà, beaucoup compris et trouvé un endroit qui serait parfait pour leur futur. Un futur qu’ils voient avec d’autres. Peut-être vous ?

OK on leur donne la parole et il y a beaucoup, beaucoup de choses intéressantes (faible mot) dans leurs discours et interrogations. Lisez-les !

Transcription de la vidéo

Cet article va retranscrire des éléments importants de la vidéo qui est maintenant sur notre chaine YouTube. Nous aurons donc dorénavant et chaque semaine, une vidéo d’une activité, gérée ou créée par un(e) expatrié(e) au Portugal et une transcription du texte dans cette Newsletter même.

  • Les vidéos elles-mêmes sur notre chaine YouTube, cliquez ici.
  • Leur transcription partielle sur la Newsletter dans le Blog Casa Vergao : C’est donc cette lettre que vous lisez à l’instant.

Ces médias sont accessibles à tous et en permanence.

Cet article

La transcription dans cet article est partielle, centrée sur les points les plus importants. Elle permet de lire vite l’essentiel, de savoir TOUT ce qu’il y a dans la vidéo. C’est pratique mais ne remplace pas la vision de la vidéo qui est un témoignage très fort.

Accès au guide pour partir vivre au Portugal

Présentation

Moi, c’est Philippe. On est au Portugal depuis un an et avant, j’étais manager dans une grande entreprise. Ensuite, on a créé une société en France et puis, avec le Covid, on a saturé un petit peu de la France et on avait besoin d’espace et de liberté. Donc on a choisi de venir ici, au Portugal.

 Moi, je suis Nathalie, son épouse, sa compagne, sa partenaire. On est compatible sur plein de domaines et on a eu ce rêve fou d’oser quitter la France et venir avec notre loulou qui a quatre ans et de laisser nos deux plus grands suivre leur vie en France et en Belgique pour leurs études. Sans être retraité. Non, on n’a pas attendu.

C’est possible de partir sans être retraité, sans sécurité, sans parachute ?

La vie ne commence pas quand on est retraité. On a déjà fait des choix. On a déjà déménagé plusieurs fois.

En fait, ça ne date pas d’aujourd’hui. Il y a sept ou huit ans, on a commencé à se poser la question. On avait un rêve fou, on vivait à Orléans, mais on voulait passer notre retraite dans le golfe du Morbihan. Et un soir, on a peut- être trop bu, pas sûr, mais on s’est posé la question pourquoi fallait attendre la retraite pour commencer à vivre ? Et du jour au lendemain, oui, on a eu l’audace de se décider à changer de vie, vraiment. Voilà.

On était bien en Bretagne et puis plein d’événements et personnels et professionnels et sociétaux ont fait qu’on s’est dit « On va changer d’air. » Et le Portugal, on connaissait un peu pour y être allé en vacances. On sait qu’on aime les gens, on aime le pays et il y a plein de compatibilités. Et on s’est dit « Allez hop, on refait les cartons. »

C’est mieux qu’en France ?

Alors après, les mieux, les moins bien, c’est un peu risqué de réfléchir comme ça, c’est de voir ce qui, nous, nous convenait ou ne nous convenait plus en France par rapport à la mentalité, à la société qui est partie dans un sens qui ne nous plaît plus, où nos libertés fondamentales, nos libertés d’être, de vivre, de bouger et de penser, ça n’existe plus. On n’est plus dans une démocratie et on s’est dit « Allez hop ! » 

Je repense aussi aux enfants parce que c’est important pour moi, pour nous. Et pour Thomas, on avait vraiment le sentiment que la France n’offrait pas toutes les garanties d’un avenir sûr. Même si on vivait en Bretagne et qu’on était bien, moi, je cherchais quelque chose de plus sobre, mais peut-être aussi une proximité humaine. Il y a une distanciation qui s’est établie en France qui, moi, me gêne. Peut- être une société plus résiliente aussi. Et puis aussi, il y avait un manque de liberté pour choisir l’éducation.

Le système éducatif français n’est pas franchement bien adapté. Et surtout sur l’aspect affectif. Il nous a fallu une rééducation pour retomber sur de la simplicité. Ici à l’école, c’est simple, les enfants sont accueillis comme des enfants. Thomas, il part à l’école en courant, il a la joie. On n’est pas prêt, mais lui, il est déjà prêt. Et il saute dans les bras de la maîtresse et il est heureux d’aller à l’école.

Et aussi, autre chose, c’est que la maîtresse me fait la bise ici.

 C’est incroyable. Elle nous a fait visiter l’école, elle nous dit « venez dans la classe » alors que les gamins sont là. Elle me dit « j’ai un papier à vous faire signer, venez là ». Et en fait, c’est hyper simple. On a oublié, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais on a oublié cette simplicité de communication, d’échange et de se faire confiance. Ici, il y a de la confiance. On pose le billet de 10 € pour la cotisation des parents d’élèves, on signe sur un bout de papier, voilà, j’ai payé.

Il y a un autre aspect, c’est que si on oublie aussi notre enfant dans un supermarché, il y a toujours quelqu’un pour venir te voir. « Tiens, il y a ton fils qui est là ». C’est- à- dire qu’il y a un regard des parents, attentionné sur les enfants. Une bienveillance. Une bienveillance réelle, vraiment. Ça, ça change effectivement beaucoup de choses.

Les revenus

On a fait des choix aussi. J’étais enseignante à l’université, mais ici, mes CV, ça n’a pas pris. Donc, il a fallu que je me réoriente complètement professionnellement. Évidemment, on peut, en tant que francophone, travailler dans des centres d’appel. Et à un moment, je me suis dit « Je n’ai pas changé de vie. On n’a pas pris ce risque » parce qu’il y a une audace quand même à changer, pour retourner sur un ancien mode de fonctionnement avec une mentalité française, alors que maintenant on vit au Portugal. Et j’ai décidé de faire confiance à ma bonne étoile et d’être optimiste et dire « Autre chose va arriver ». Et cette autre chose est arrivée par le bon hasard des rencontres où mes compétences d’avant sont utilisées aujourd’hui. Je travaille avec des associations européennes.

En télétravail. J’adapte mon rythme de travail aux contingences. C’est sûr qu’il y a des moments où je dois travailler beaucoup parce qu’il y a des appels d’offres avec des deadlines, donc il faut que je travaille pour que le dossier soit soumis dans les temps. Mais après, si j’ai envie d’être dans la piscine avec mon fils, je ne réponds pas au téléphone. Si j’ai envie d’aller chercher à l’école, je laisse mon téléphone dans le bureau et puis je reviens après.

On a un peu de trésorerie mais pas extraordinaire.

Moi, j’en pense que le seul risque qu’on comprend, c’est que ça marche et ça marche vraiment. C’est vrai que moi, le métier de manager, il est derrière moi, mais j’ai appris à gérer des projets, à coacher pas mal de personnes. On anime aussi des stages où on accompagne les personnes aussi à changer de vie. Et avant de venir au Portugal, on a acheté, on a revendu des maisons parce qu’on a une passion aussi, c’est tout l’aspect à l’extérieur, que ça soit lié aux métiers de paysagiste. Et là, on continue.

La maison qu’on a choisie au Portugal, c’est aussi pour la mettre en valeur qu’on a parce qu’on a aussi d’autres projets, de se rapprocher d’un lieu où on pourrait être autonome et se rapprocher de la nature.

C’est un investissement. Finalement, Philippe a participé à la remise en beauté de la propriété de la maison en valorisant l’investissement de base. On a aussi fait appel à de la main d’œuvre locale et on a fait de belles rencontres. Il y a des bons pros chez les Portugais aussi.

Le truc, c’est que si on arrive au Portugal avec des projets conçus en France avec une mentalité française, il va y avoir besoin d’une adaptation. Donc, il y a un travail de lâcher prise de l’ancien mode de fonctionnement pour être assez curieux et à l’écoute des gens du mode de vie ici, de discuter avec des gens qui sont déjà venus s’installer, de se faire accompagner par des gens qui connaissent le système ici. Et d’être imaginatifs et créatifs.

Mais on a déjà vu avec d’autres personnes du réseau de Casa Vergao qu’il y a plein d’idées, de projets, d’entreprises qui ont été créés. Des gens avec des talents complètement différents. Et c’est possible.

Parce que là, c’est vrai qu’on a trouvé une maison, un lieu, un espace qui est agréable à vivre, mais il y en a encore plein d’autres. Il y a beaucoup d’autres espaces et de potentiel au Portugal, vraiment. Mais qu’on découvre qu’une fois sur place. Il faut avoir osé, il faut avoir fait un pas dans le vide.

On a revendu quelque chose et puis finalement, ça marche. Après, on constate que finalement, il n’y avait pas de risque et qu’on n’est pas totalement fou de tenter des choses et puis qu’on a bien raison de partir d’un endroit qui ne convient pas. Quelque part, où ça peut être normal de vivre !

Mais au départ, il faut oser, c’est sûr. Il y a de l’audace. On pourrait parler de courage, mais je n’aime pas le mot courage. C’est vraiment être audacieux. Mais c’est aussi se sentir vivant. Pour moi, je me sens vivant. Et le risque, c’est quoi le risque ? Il n’y en a pas vraiment.

La langue portugaise

C’est un choix personnel. Mais la raison qu’on a choisie, c’est vraiment aussi de s’intégrer au pays. Moi, je vais parler pour moi qui ne suis pas un linguiste inné. Donc le portugais, je l’ai démarré de zéro et j’arrive à me faire comprendre. Alors, il est vrai que le français est quand même utilisé, mais moi, je trouvais que c’était important de faire l’effort pour s’intégrer et pour vraiment être accepté dans le pays. Et on a plein de belles surprises.

Et puis, ça ne nous a rien coûté. On a utilisé notre compte CPF français avec des droits qu’on ne pouvait pas utiliser avant pour d’autres choses. Et puis on a pris des cours tous les deux de portugais à distance avec une prof qui est sur Lisbonne et qui nous apprend autant la langue que la culture et, si vous le souhaitez, l’expérience humaine aussi.

Souvent, j’entends dire « la barrière de la langue ». Est- ce qu’on communique uniquement avec le verbe ? Moi, je ne suis pas sûre. Il y a aussi des choses qui passent dans la sincérité de la démarche. Quand on va dire bonjour avec les gens, qu’on le dise en n’importe quelle langue, si on a le sourire et qu’on regarde les gens et qu’on les considère, il n’y a pas besoin de la langue pour que le message soit reçu.

Les enfants s’adaptent beaucoup plus vite, plus rapidement que nous. Thomas a quatre ans, il a mis deux ou trois mois pour, on va dire, commencer à parler le portugais, mais maintenant, il parle mieux le portugais que moi. En fait, il n’y a aucun problème. Au contraire, il est heureux. C’est même lui qui fait le traducteur. Oui, parce qu’il comprend mieux ce que disent les voisins que nous.

Ce qu’on a remarqué sur les enfants, en fait, ils ne vont pas avoir les peurs et les inhibitions de bien parler, comme nous, les adultes, on peut avoir. Parce qu’ils ont un tel besoin vital de communiquer et de jouer, que c’est en jouant, en répétant, parce qu’ils veulent se faire comprendre, parce qu’ils ont envie d’avoir tel jouet, ils veulent manger ça et pas ça, et que l’autre, il a piqué son crayon et machin, il veut récupérer son jouet. Là, il va avoir toute la motivation pour pouvoir apprendre et se faire comprendre. Que nous, on va être en train de réfléchir à ce que c’est bien, est-ce qu’on a mis le bon temps ou je n’en sais rien. Et du coup, les enfants, par cette motivation du jeu, de vivre ensemble, de communiquer, ils vont aller beaucoup plus vite.

La solidarité, des anecdotes !

 On se dit « Oui, c’est loin le Portugal, c’est un pays étranger », mais ça reste l’Europe » Au niveau des cultures, les cultures sont différentes, mais pour moi, elles sont complémentaires.

Le métier que j’avais avant, j’avais des employés portugais et ça se passait très bien. Ils ont une forme de proximité qui est réelle. Et ça, c’est agréable. C’est-à-dire que moi, je me rappelle mon enfance, du voisinage où on se dépannait. Et ici, on apprécie parce que ça existe encore. Peut-être qu’on a oublié ça aussi en France. Je ne sais pas.

Pas plus tard qu’hier, le fils de nos voisins qui est dans l’école avec Thomas est venu jouer dans le jardin avec notre fils. Rien d’extraordinaire, juste les enfants qui jouent ensemble. Et en ramenant Diogo chez ses parents, son père, il me donne un sac avec les poivrons et les tomates du jardin. Alors pourtant, il ne parle pas français et on ne communique pas forcément par la langue, mais on communique d’une autre façon. Et la voisine à côté, quand elle a trop de citrons, elle vient nous déposer un sac devant la porte d’entrée. Donc ça, c’est chouette, cette proximité.

Je dirais qu’on consomme peut- être différemment. Par rapport aux travaux qu’on a fait ici, il a fallu que j’aille dans les supermarchés. Il a fallu que je me débrouille tout seul parce que je n’allais pas demander à Nathalie de m’accompagner tout le temps sans parler le portugais. Et en fait, ça a été simple. C’est- à-dire que le portugais, s’il voit que tu galères à y aller, soit il va aller chercher un collègue qui parle français, soit il va trouver un qui parle anglais, mais il ne va pas t’envoyer « chier » et dire « démerde- toi ». Non, il va te trouver une solution. Ça, c’est super important. Moi, je suis un galérien quand même au niveau langue et pourtant, je n’ai aucun regret d’être ici. Comme dit Nathalie, j’arrive à me faire comprendre, j’arrive à obtenir ce que je veux, ce que je demande, même si le portugais, je ne le maîtrise pas encore.

C’est vrai qu’on a eu une anecdote avec un système d’arrosage, qu’on a trouvé le petit boui-boui du coin et le gars, il nous a dit de revenir autant de fois qu’on avait besoin, jusqu’à ce que le truc soit bien réparé. Alors, il a essayé, il nous a fait payer que la moitié des pièces, puis il nous a dit « Tu reviens, si ça ne marche pas, tu reviens. » Alors, il y a un truc qui ne marchait pas, on y est revenu. Il a cherché au fin fond de sa boutique pour nous trouver le truc et ça marche. En France, ça n’existe plus.

Mais il nous est arrivé quand même une belle histoire. Avant de signer pour l’achat de la maison, on s’est arrêté dans le bar à côté, parce qu’ici, il n’y a quand même que des cafés, à côté du stade. On a juste pris un café, discuté avec les gens. Et puis on est revenu une ou deux fois prendre un café. Ils nous ont laissé leur numéro de téléphone. On nous a dit « Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, surtout vous nous appelez ».

Et un samedi soir à 21 h00, on était à cinq kilomètres d’ici, on est tombé en panne de voiture. Et on appelle nos voisins qui étaient partis faire la fiesta, qui n’ont pas entendu le téléphone et on se dit « Avec un gamin de quatre ans, il fait nuit, comment on fait ? Et du coup, on a appelé les gens du bar. Donc, il était 21h30 un samedi soir. Et là, adorables. Ils sont venus. Ils sont venus nous chercher. Ils nous ont ramenés à la maison.

 À 22h00, ils ont appelé leur garagiste pour qu’ils viennent le dimanche matin voir notre voiture avant qu’elle soit remorquée, pour voir ce qu’il y avait à faire et nous dire s’ils pouvaient la remorquer dans son garage. Et tout ça gratos, avec le sourire. Et là, on s’est dit « Waouh ! » En France, on appelait l’assistance et on attendait sur la route.

Mais souvent, ça nous revient, on a beaucoup de leçons d’humilité ici. Et voilà, ça nous touche parce que c’est ce qu’on est venu chercher ici aussi, c’est pour avoir des relations, on va dire… On parlait de simplicité, mais des relations sincères. Et évidemment, il y a du business. Il y a du business qui se fait, mais ça peut se faire aussi avec le cœur. Il y a une honnêteté, c’est ça ? Une honnêteté qui est là, qui est vraiment présente.

Pour les travaux qu’on a faits, on a rencontré des Portugais qui ont vécu en France, mais ça leur tenait à cœur que le travail soit fait carré. Il y a des choses qui auraient peut- être pas faites, on n’a pas comparé, mais il a fallu que ça soit fait vraiment à leur image. Donc, il fallait que ça soit carré.

Fernando, qui est venu négocier avec nous dans la carrière, là où il va chercher ses pierres, il nous a trouvé les gars. Il fallait qu’on lui envoie des photos pour être sûr que le truc soit bien fait.

Pourquoi ils sont comme ça, finalement ? Moi, je pense qu’il y a encore l’empreinte de la dictature. Ça fait 40 ans qu’ils en sont sortis. Il y a vraiment une forme de résilience qui est restée. D’entraide. D’entraide, vraiment. Parce que la famille, ça reste vraiment important.

Le futur projet

Nous avons le projet de trouver un terrain plus dans la nature pour faire de l’agriculture ou voir de l’agro-foresterie ou du tourisme rural.

On a rencontré le notaire du village. C’est là où on se rend compte que c’est important d’être soi-même, parce qu’ils ne sont pas dupes aussi de qui on est. Ramener une ou deux familles, des jeunes enfants. C’est quelque chose qui leur tient à cœur parce qu’il y a des villages quand même qui vieillissent. De venir avec des projets, de ne pas être à la retraite, d’avoir des idées peut-être originales, ça les intéresse. On est dans la bonne tranche d’âge parce qu’on a de l’expérience et puis on est créatifs, on a des idées, on a des projets. Et encore plein d’énergie. Et plein d’énergie. Plein de rêves. Il y a beaucoup à faire.

Oui, il y a beaucoup à faire parce qu’on s’en rend compte en visitant l’arrière-pays. Ce n’est pas la montagne, mais déjà l’arrière-pays, il y a beaucoup de terres qui sont en jachère, des villages qui sont un peu à l’abandon. Et pourtant, il y a de la bonne terre parce qu’il y a encore de la vigne. C’est ce que beaucoup nous disent quand on discute, ce sont des terres agricoles. Il y a une génération de 60, 70, 80 ans qui va partir bientôt. Et ce n’est pas un problème de peut-être revendre leurs terres, mais ils aimeraient que ça soit transmis à des personnes qui en prennent soin.

Moi, ce qui m’a surpris, c’est qu’on rencontre des gens qui ont beaucoup d’expertise. On arrive, nous Français, on est nous les philosophes. La bannière liberté, égalité, fraternité, c’est plutôt ici qu’on la trouve, plus trop en France.

On a trouvé des gens qui sont très pointus, très exigeants, surtout par rapport à la terre, qui savent travailler la terre, qui ont le respect de la Terre et qui ont envie de transmettre. Ils transmettent facilement et ils sont prêts à accompagner des projets. Là, on a rencontré pas mal d’experts pour le deuxième projet qu’on a d’avoir plusieurs hectares et puis d’avoir, je ne sais pas le mot « communauté » un peu galvaudé, on ne sait pas trop comment, sous quelle forme, d’avoir une base de gens libres penseurs et qui ont envie de vivre plus proche de la nature de la Terre et des humains, parce qu’on les oublie un peu les humains quand même. Et donc des jeunes et des moins jeunes qui ont vraiment des vraies connaissances sur le design de la Terre, quoi cultiver comment et on va avoir besoin de se savoir là.

Du coup, ça fait écho aux nôtres. Et puis comme ça, on continue à rêver ensemble. Alors nous, on va faire venir Yassine, c’est lui qui fait tout le design du terrain et là où on sait où planter, où construire. Et puis après, il va faire venir João qui lui, est le spécialiste de tous les fruitiers. Et Joao, il est venu nous expliquer comment, quelles espèces et l’entretien. Cela étant, il y a, je ne sais plus qui, qui est expert en agroforesterie.

Et en fait, il y a beaucoup de gens qui savent beaucoup de choses ici au Portugal. On a l’impression que je ne sais pas depuis la France, pourquoi on a cette idée-là que le Portugal peut être un pays arriéré et vieillissant. Et en fait, il y a des jeunes, 30, 40 ans, ils ont envie que le monde change, mais chez eux. Ils ont envie que leur pays change, évolue et ils ont un vrai savoir- faire.

Nous, on a été étonnés à Santa Maria de Bouro quand on s’est posé à la terrasse d’un café un dimanche matin. Je trouve que c’est une bonne illustration de la population qui est dans le village. Il y avait tous les âges, mais il y avait des gens qui avaient encore une trentaine, 30, 40 ans. Mais on voit bien que les personnes qui s’occupent de la terre sont des personnes assez vieillissantes, c’est clair.

C’est là où il y a aussi un besoin de projets. Il y a déjà des projets pas loin dans la région du Géres qui sont déjà en cours, un petit peu comme nous. Donc je pense que c’est une réalité qu’il y a vraiment un changement, de se réapproprier la terre, mais de manière raisonnée. Nous, de toute façon, ça nous tient à cœur et ça va se mettre en place.

Le projet. Le résumé. Ça fait déjà plus de 10 ans que je rêve d’avoir un espace où on peut se retrouver sur des valeurs humaines simples d’échange, de partage, sans tabous, sans barrières et pouvoir proposer des activités pour que les gens qui ont besoin de travailler sur eux aient des accompagnements adaptés. Et puis, une valeur qui nous manque tellement, la convivialité. Juste d’être ensemble et d’avoir un écran de verdure où la nature accompagne l’humain ou l’humain accompagne la nature, c’est les deux ensembles.

Et en France, on avait eu quelques tentatives, c’était compliqué, on n’avait pas les moyens financiers pour ça. Administrativement, c’était aussi beaucoup plus compliqué.

En fait, ce qui me tient à cœur, c’est d’avoir cet espace- là où on peut tous partager des valeurs simples. Évidemment, on parle de base autonome parce que la réflexion porte aussi sur une autonomie, une autonomie oui on peut l’obtenir de manière alimentaire, je ne dis pas intégralement, mais on peut aboutir à un seuil d’autonomie assez important et même au niveau énergétique, parce que l’énergie solaire ici, on peut l’utiliser.

Donc, c’est un champ d’expérience, vraiment. Concrètement, c’est un espace où vous allez pouvoir avoir plusieurs hectares. Pouvoir cultiver en partie pour être autonome un peu. C’est peut- être plus facile dans le climat du Portugal, d’ailleurs. C’est ça. Pour l’énergie et pour le temps.

Même dans le Nord. Dans le « chnor ». Dans le « chnor », oui. C’est vrai que le mythe du Nord du Portugal nous a aussi habité, mais il y a du soleil aussi dans le nord du Portugal qui quand même reste au sud de Marseille.

C’est important parce que quand on parle d’autonomie, oui, il faut du soleil et il faut de l’eau. Ça, c’est si vital et il y a encore de l’eau. Il y a quand même des endroits quand on commence à se rapprocher des zones centrales. Il y a la montagne, donc il y a encore de l’eau. Il y a des barrages, mais on ne dépend pas que des barrages, on dépend aussi de l’eau, de la source, des sources qui sont encore alimentées. On est en plein été et on est passé la semaine dernière sur potentiellement notre futur terrain. Le ruisseau, il y a de l’eau, ça coule. Moi, quand je parle d’eau, c’est la vie. C’est la vie et c’est important.

Je dis, oui, en fait, il n’y a pas de limites. Les limites, elles sont là. C’est celles qu’on se met dans nos peurs, dans nos schémas, dans plein de choses. Et quand on discute avec les gens, quand on ose rêver… Parce qu’on s’est dit à un moment « Mais on en est où de nos rêves. On va attendre 80 ans pour les vivre ? Ça sera trop tard. Puis on ne sera peut- être pas en bonne santé ».

Et nos rêves, c’était quoi d’ailleurs. Posez- vous la question « Où est- ce que vous en êtes de vos rêves ? Franchement » . Ça fait bugger. Parce qu’on se dit « Oups ! » Et puis après, il y a un autre process qui se met en place et nous, on est en train de concrétiser nos rêves, de les faire vivre et de les organiser. Et c’est le kif.

Donc il y aura un terrain, il y aura plusieurs familles ?

Déjà deux, peut-être une troisième à arriver. C’est sur le chemin que les choses se mettent en place. Donc, il y a un moment, il faut y aller et puis, step by step, on sécurise, on réfléchit, on se fait accompagner, on met en place, puis on voit. Et à un moment à un autre, il faut quand même être un petit peu danseur et un peu souple, et puis de s’adapter à ce qui va se présenter. Et puis, ça se dessine comme ça.

Il faut s’inspirer d’expériences qu’il y a ailleurs au Portugal. On s’est rendu compte qu’il y a des communautés qui sont installées, enfin, j’utilise le mot « communauté », mais des groupes qui font appel soit à des « woofers », enfin, qui sont organisés, qui ont vraiment un système d’organisation très rationnel. Il y a de la technologie, il y a des ordinateurs pour ça. Et puis, il y a du cerveau. Il y a des cerveaux et ça, c’est important aussi parce que s’il y a des travaux en priorité à faire sur le terrain, on peut faire appel à des « woofers », qui ont une spécificité particulière, que ça soit pour le maraîchage, que ça soit pour la rénovation de bâtiments. C’est une réalité, ça fonctionne et on sait qu’il y a une génération qui fonctionne comme ça.

Est-ce que faire ce projet- là en France serait difficile ou impossible ?

Oui, je pense que ce serait encore possible. Je pense qu’il y a des secteurs que je connais un peu, il y a encore des endroits, mais je crois que le problème, c’est nos gouvernements respectifs, c’est de plus en plus verrouillé. Quand on parle des Ecovillages et que ça risque de faire partie de la liste des dérives sectaires, là, on peut se poser vraiment la question si on peut encore créer quelque chose en France. De non conventionnel. 

Sachant que l’école à la maison est interdite. Voilà. Et les médecines alternatives, on les met en doute. Absolument. Le Portugal étant beaucoup plus de modéré là-dessus, même en restant européen. C’est ça. On est encore en Europe, mais on est en lisière de l’Europe. Je pense que c’est une manière de se mettre, on va dire, hors de leurs lois, on va dire, mais d’avoir encore une certaine liberté d’action. C’est clair. Et ça, c’est vraiment une réalité.

Il y a deux faces ici. Il y a un aspect chez le Portugais où il va être très respectueux des règles en apparence. Et derrière, s’il y a un moyen, il va trouver des solutions. Tandis qu’on va dire, si on parle encore de la France, si on doit comparer, la France, je trouve qu’il n’y a plus de double voie. Il n’y a plus de double voie, c’est-à-dire qu’on obéit. Si on a une voie différente, on est considéré comme réactionnaires, voire peut-être complotistes. Ou pire. Ici, on nous fout la paix.

Et puis, quand on parle de nos projets, les gens sont enthousiastes. Ils sont plutôt prêts à aider. Il y a une bonne stimulation et on ne sent pas que ce n’est pas possible. Même c’est le notaire qui nous a dit « Alors, même si tu suis ce que dit le terrain, ça va être compliqué, mais compliqué ne veut pas dire impossible ». Et là, il a les yeux qui brillent. Ok, d’accord. Donc, on va apprendre à naviguer.

Je pense qu’il faut apprendre à faut accepter de faire ses preuves. C’est normal, on est dans un pays qui nous accueille. Néanmoins, si on est honnête, il y a vraiment moyen de créer quelque chose de nouveau, vraiment. Tout en participant vraiment à leur espace de vie, parce que c’est des espaces de vie qui sont, on va dire, depuis, avec la crise de 2008, il y a des espaces des villages qui se sont vidés. Donc, plus il y a de monde qui revient, mieux c’est.

Mais ils n’ont pas envie d’avoir, entre guillemets, des Américains avec de l’argent, plein les poches et qui ne vont peut-être pas faire grand-chose. Je pense qu’ils préfèrent avoir des personnes comme nous, qui ont des idées pour mettre en valeur leur patrimoine, qui vont boire leur café, qui vont prendre le café au village, qui vont faire leurs courses à la boulangerie du coin et participer à la vie de village comme n’importe quel habitant. Mettre leurs enfants à l’école, enfin voilà. 

Finalement, on pourrait presque dire que vous êtes des grands enfants puisque vous avez pris le risque de partir sans trop savoir, simplement parce que vous voulez jouer votre jeu.

Merci du compliment. C’est bien ça.

Comme les enfants qui apprennent le portugais en faisant des erreurs, vous foncez, vous vous faites des erreurs, mais vous avancez.

C’est ça. Franchement, tu l’as bien résumé. Et étrangement, ça marche. Ça marche. Je pense que pour l’instant, on n’a pas de surprise désagréable. Mais évidemment, des fois, on va dire qu’au niveau administratif ou logistique, il faut faire appel à des locaux. Mais pour le reste, franchement, on se sent libre dans nos actions. Pour des enfants, c’est parfait. Et là, tu peux développer ton imaginaire. Il n’y a pas de limites. La créativité. La créativité, elle est là.

En gros, si on n’ose pas, c’est qu’on est un adulte un peu rabougri, qui veut tout prévoir absolument, s’il n’a pas son point de chute, c’est pour ça qu’ils attendent leur retraite. Pour avoir toute la sécurité que je vais gagner au moins 3 000 €, donc je peux prendre le risque.

Il y a un vrai travail sur l’argent à faire. Tu vois, on l’a fait, le travail sur l’argent. C’est ce que je te disais tout à l’heure. J’aurais pu accepter d’être biberonné pendant encore 15-20 ans jusqu’à ma retraite à 5-6000 balles par mois. Mais en fait, c’est quoi le sens de la vie ? C’est de toucher suffisamment d’argent, d’être dans le confort et puis d’arriver à la retraite ? Et puis on ne sait pas ce qu’il y a à la retraite, ce qui va se passer dans 20 ans.

Il faut se rappeler qu’il y a deux ou trois ans, il y a eu une pandémie qui nous a fait comprendre qu’on pouvait partir du jour au lendemain. Que nos libertés, que les restrictions pouvaient être sans limites.

Je me répète, je préfère avoir choisi le camp de la liberté, quel qu’en soit le prix. Le prix c’est de créer sa propre vie. C’est quand même que du bonus. Vraiment. Ça marche effectivement bien.

Et c’est plutôt cadeau parce que quand on se retrouve dans des situations comme il y a deux ou trois ans, qu’on a vécu en France avec les restrictions des libertés, on s’interroge sur vraiment les valeurs qu’on porte. Et c’est là où on fait vraiment des choix où il n’y a pas de risque. Quand c’est des valeurs qui nous tiennent à cœur, il faut y aller parce que ça se met en place.

Vraiment, ça se met en place. Il y a un plan supérieur à nous qui est là et ça nous permet vraiment de saisir, peut-être de créer l’opportunité, vraiment aussi pour les autres, de les inspirer. Quel que soit l’âge, on peut inspirer des personnes de 60 ans comme des personnes de 15 ans, mais ça permet de voir qu’il y a vraiment d’autres possibilités que la société dans laquelle on est un petit peu ranci.

Oui, de ce que je ressens, oui, on est entre deux vagues, pour moi. Et l’invitation, c’est vraiment il y a un retour à la nature qui est réel, quels que soient les endroits sur la planète. Peut- être plus dans certains endroits. Mais oui, je pense qu’il faut s’interroger sur toutes les restrictions qui sont encore en train de se mettre en place et voir ce qu’on peut faire hors de la France, parce que là, on parle un petit peu de la France.

C’est réapprendre à vivre différemment. Réapprendre à vivre différemment, c’est ça. Nos besoins ont évolué, sont revenus sur plus de simplicité. J’en ai marre du tout électrique parce que quand ça ne marche pas, tu ne peux rien faire. Ton store, il est baissé et pendant trois semaines, si t’as pas le réparateur, ça ne marche pas. Donc, on est devenu dépendants d’un système électrique, électronique qui fait que si ce système a décidé de dysfonctionner, tu ne peux plus rien faire.

Donc, ça veut dire qu’il va falloir être inventif, créatif et revenir à des choses simples, à une autonomie alimentaire, énergétique, et puis de se rapprocher. La terre, ça fait longtemps qu’elle vit toute seule. Regarde une forêt, elle est résiliente. On ne lui a pas appris, on ne lui a pas fait un cours, un workshop. Elle sait faire.

Donc nous, on a juste à redevenir intelligents et apprendre de la nature et d’y vivre.

En fait, c’est l’école de la vie, tout simplement. On en revient à des basiques qu’on a peut- être oubliés. J’ai un ami qui est ingénieur, qui va se greffer à notre projet. Oui, il est ingénieur et il a la tête bien faite, mais il se rend compte que surtout d’ingéniosité qu’il va falloir avoir besoin. Il me dit « Je suis ingénieur, mais il va falloir aussi faire preuve d’ingéniosité. » Je pense que là, c’est un point crucial pour tout le monde, quel que soit le niveau d’études, d’ailleurs.

Je ne regrette rien. Non, il n’y a vraiment pas de regrets. Ça fait un peu plus d’un an qu’on est là et on s’est peut- être posé la question une ou deux fois et encore. Je ne suis pas sûr. Ce n’est pas sûr.

Non, la vie, tout ce qui nous attend est devant nous. Je ne renie pas non plus la France. C’est un beau pays, mais pour l’instant, notre chemin, il se trace ici en étant bien présents ici. C’est vrai qu’on se rend compte qu’il y a des personnes qui viennent nous voir et qui respirent en étant ici, qui pensent différemment.

Donc, il y a bien vraiment quelque chose qui pèse sur la France sur tous les plans.

C’est à 100 % ce que disent tous les gens qui sont installés ici, sauf ceux qui, éventuellement, ne veulent pas s’intégrer quelque part, ils font tellement peu d’efforts qu’ils ne s’intègrent pas. Mais sinon, tous disent « Oui, je respire, je peux créer, ça marche, c’est simple, c’est bien. On a vécu tout aussi bien, etc. »

C’est comme si la Terre était plus fertile pour eux. Il y a moins d’empêchement.

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